Film d’animation, primé à Cannes ( Grand Prix de la Semaine de la Critique ) et au festival d’ Annecy ( prix du Jury et prix du Public ) en 2019 , est de prime abord déroutant : les couleurs,les époques,les lieux géographiques,les ambiances et les acteurs se mélangent rapidement . Mais dès que j’ai lâché la volonté de comprendre, j’ai été éblouie par la poésie .
Ce long métrage est tiré du roman » Happy Hand » de Guillaume LAURANT qui avait également co-écrit avec jean-Pierre JEUNET » Amélie Poulain » .
Rosalie est une main . Une main qui a été sectionnée lors d’un accident et qui va partir à la recherche de son corps, c’est à dire de Naoufel, son jeune propriétaire , arrivé chez son oncle à Paris dans des circonstances difficiles et douloureuses .
Coiffée d’une boîte de raviolis
Rosalie s’échappe de justesse de la benne d’un camion poubelle : seuls ses doigts dépassent, qui lui permettent, ni une ni deux , de sauter les marches d’une station de métro, choisir le bon couloir et la bonne direction,courir le long du quai et se retrouver sous les rails d’une rame , nez à nez avec des RATS alléchés par la sauce tomate .
Rosalie est une main qui voit,ressent,entend … décide, se bat en pleine région parisienne . Sa puissance est palpable: elle sait se défendre et elle ne dévira pas de l’objectif de sa course poursuite : retrouver son corps
Une recherche à l’envers
Habituellement, un corps amputé d’une main réclame sa main, n’a de cesse de la suppléer et de la remplacer par une prothèse . Ici, c’est l’inverse: c’est la main qui réclame son corps . Le film montre le monde à hauteur de main, de tout ce qu’on peut trouver à l’intérieur d’une main , perpétuellement en contact avec autrui .
Naoufel, lui est bloqué dans son passé. Livreur de pizzas, constamment perdu dans ses pensées, il se heurte aux clients mécontents de ses retards, à son patron, aux automobilistes foutraques, au vide laissé par la mort tragique de ses parents .
Le passage entre couleurs et noir et blanc apporte la nostalgie qui entoure l’enfance de Naoufel, au Maroc, cette période bénie où ses parents l’entouraient de tout leur amour . L’utilisation du rap et de la musique classique accentue le clivage entre les lieux .
« Il était une fois une main »
Le film nous emmène dans le conte .Nous avions oublié qu’une main , lorsque nous serrons la main de quelqu’un , nous permet d’en apprendre beaucoup sur lui .Oublié aussi que les lignes de la main retracent le destin de toute une vie . Un conte fait de rencontres malgré des interphones revêches .
Ce conte qui nous amène dans une dimension supplémentaire : l’âme d’une main .
Aucun commentaire ne m'aurait fait plus plaisir, connaissant un petit peu ton parcours de danseuse et de tant d'autres vies…
Je suis bien d'accord... nous avons plusieurs vies et ce film est d'une telle intelligence !
Super résumé qui donne envie de lire … Le temps si important me manque pour assouvir ma faim de lecture…