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Le réveil . Eva Gonzalès .1876

Ce tableau nous donne à voir une jeune femme, à demie-redressée dans son lit , qui nous regarde avec une certaine espièglerie et beaucoup de rêverie : ni tout à fait là, ni tout à fait ailleurs . Une chose est certaine : elle entend bien prendre tout son temps avant d’embarquer dans le courant de la journée .

Artiste peintre impressionniste française

Eva GONZALES naît à Paris le 19 avril 1849 . Son père est romancier et sa mère musicienne .Elle décède très jeune, dans les suites de son seul et unique accouchement, à l’âge de 34 ans .

Ses tableaux sont éparpillés dans de nombreux musées dans le monde . Celui-ci est conservé à la Kunsthalle de Brême en Allemagne . La république de Côte d’Ivoire a même imprimé 4 timbres de ses peintures .

Elle entre dans l’atelier d’Edouard Manet à peine âgée de 20 ans

Eva y apprend auprès du maître mais aussi sert souvent de modèle . Elle utilisera d’ailleurs souvent ses très proches – son mari, sa soeur ..- comme modèles dans ses compositions . Contemporaine d’Emile Zola qui la complimente sur ses oeuvres, elle quitte Paris en 1870 lors du conflit franco-prussien de 1870 .

Libre de toute contrainte

J’ai toujours été très admirative de la capacité à reproduire le blanc et le transparent par tous les peintres impressionnistes : mélange de bleus, de violets, de jaunes et bien sûr de blancs . Le leurre est total . Nous ne voyons que légèreté, transparence et délicatesse là où pourtant le pinceau a accumulé de la matière comme partout ailleurs sur le tableau ! La journée est bien entamée : le soleil vient souligner la finesse et la grâce de cette jeune femme , en la nimbant d’une lumière dorée .

Sur la table de chevet, un bouquet de jacinthes et un livre que l’on devine reposé de la veille au soir

Et si c’était lui le livre, à l’origine de ce passage délicat entre la nuit et le jour ? Ou bien un rêve , que le livre aurait engendré ?

Eva GONZALES donne souvent à voir dans ses tableaux des moments de lecture : dans un jardin , dans une clairière …

Lecture dans une clairière . 1880 . Petit Palais . Paris .

Demi-sourire, rondeur du bras, recherche d’un souvenir récent ou ancien ….

Le moment saisi par la peintre est celui d’une délicate introspection . Il ne s’agit ni de décider, ni de choisir, encore moins de trancher, statuer ou décréter . Mais de se laisser porter vers un rivage que ni la jeune femme , ni nous spectateurs ne sommes en mesure d’identifier .

Une ode au réveil en solo , préparée la veille, en toute quiétude

L’utilisation prédominante de la couleur dorée , que la chevelure très brune fait ressortir nous émeut : oui, le passage de la nuit au jour peut s’effectuer de façon créative et généreuse .