Sélectionner une page

Qui vient combler le vide béant du  » Bataclan « 

Les 2 déflagrations des attentats de 2015, à 10 mois d’intervalle ont été suivies d’immenses cortèges de manifestations silencieuses dans les grandes villes françaises . Ensuite, plus rien en dehors du rugueux du débat autour des mesures politiques prises immédiatement après . Pour moi, l’équivalent d’une mauvaise potion à prendre de force .

A Lyon, la fête des Lumières du 8 décembre 2015

est remplacée par la projection sur l’ancien palais de justice, de tous les prénoms des victimes, en blanc sur fond noir, à la manière d’un générique de fin . Le dispositif est conçu pour se sentir comme à l’intérieur d’une salle de cinéma, que l’on quitterait à reculons . L’émotion est palpable parmi les rares spectateurs : le vent, glacial, décourage la sortie. L’hommage sonne très juste, avec toujours en toile de fond, cette sidération et cette sensation de quelque chose qui pourrait se déchirer, pour toujours .

Quelques voix , portées par les médias

Coco – la dessinatrice de Charlie – invitée à la télévision . Celle du jeune Papa devenue veuf  » Vous n’aurez pas ma haine  » .

Puis 2 livres – témoignages :

« Le livre que je n’aurais pas voulu écrire  » d’Erwan LHARER , publié en 2017 et «  Le lambeau  » de Philippe LANCON , édité en 2018 .

Je suis allée à la présentation du premier , par l’auteur , dans ma librairie habituelle . Avec le recul, et comme beaucoup d’autres personnes présentes ce soir là, j’étais reconnaissante de l’humour revendiqué .Par rapport à tout le marasme assourdissant ambiant, c’était beaucoup . Mais je n’ai pas été touchée ou plutôt j’ai peu appris .

 » En thérapie  » se situe aux antipodes du récit individuel

J’ai adoré Reda KATEB, hypercrédible dans le rôle d’un policier de la Brigade de Recherche et d’Intervention , en déploiement le soir du Bataclan . Son personnage parle enfin du GIA, le Groupe Armé Islamique – qui tuera 200 000 personnes entre 1991 et 2001 – et de ses répercussions pour toute une partie de la population algérienne ou franco-algérienne qui vit dans l’Hexagone . Adel a 7 ans, en vacances , comme de nombreux petits Algériens, dans le village de sa famille restée au pays .

La suite ressemble à la vie de trop nombreuses personnes  » soufflées » – comme on parle du souffle d’une explosion – par la violence de l’Histoire vécue au quotidien . Adel est maintenant marié, père de 2 enfants, dans une brigade d’intervention à l’esprit de corps bien chevillé .

Insomnies, crises d’angoisse véritables chez cet homme d’action sur-entraîné physiquement : le  » Bataclan  » s’incarne et devient humain sous nos yeux, par le truchement d’un jeune quadragénaire, fils de boulanger .

Tout aussi crédible

Céleste BRUNNQUELL , dans un rôle de adolescente sportive ultra-douée, tour à tour franche et sur la défensive . Perdue entre 2 parents divorcés , probablement plus fragiles qu’elle .

Au total, beaucoup d’humanité et de clés

sur ce qui peut se passer dans le cabinet d’un.e psychothérapeute . De nombreuses explications bienvenues sur des expressions qui sont passées dans le langage courant mais qui n’en sont pas plus claires pour autant , comme un souvenir écran par exemple . Au fur et à mesure des épisodes, l’ombre du  » Bataclan  » s’estompe, les contradictions des différents personnages se font de plus en plus « respirables « .