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L’auteur a obtenu le Fauve du  » Prix spécial du Jury  » au festival d’Angoulême 2016 . Ce prix récompense un ouvrage pour ses qualités narratives, graphiques et/ou l’originalité des thèmes choisis . 300 pages de jamais vu pour décrire 10 ans de traitement de la maladie de Crohn , cette inflammation chronique de la dernière portion de l’intestin grêle .

Entièrement dépliées , notre professeur d’anatomie-pathologique évoquait la surface d’un terrain de tennis , pour nous faire comprendre le rôle de ses villosités qui absorbe et transforme notre alimentation . De quoi avoir la diarrhée et très mal au ventre, tout le temps.

La force exceptionnelle du dessin de la douleur

Quand nous avons mal, nous nous transformons en l’organe qui souffre . C’est un petit peu comme lorsque nous avons mal aux dents : tout notre corps se réduit à notre dent et envahit l’ensemble de notre conscience . Avec Pozla , sa tête devient intestin, ses membres deviennent intestin, son corps en entier se métamorphose en boudin sanguinolent , inflammatoire , déliquescent, putride selon les moments de la journée . Le dessin noir et blanc prend toutes les couleurs de l’arc en ciel de la douleur et occupe le plus de place possible sur la page .

 » C’est un livre qui s’est imposé à moi « 

Un livre de survie .  » Quand je dessinais , la douleur passait au second plan  » https://youtu.be/f_GRAAMzpL4 .

 » Carnets de santé foireuse  » démarre sur les chapeaux de roue : au centre hospitalier de Beaujon, le diagnostic est sans appel : maladie de Crohn , stade 3 , donc compliqué :  » le Crohn fistulisant : quand vous avez cette forme -là , c’est le gros lot , c’est à dire C.H.I.R.U.R.G.I.E  » . Pozla , chaque fois , se fait pédagogue avec croquis, schémas, déroulé des opérations ..https://youtu.be/hZMy_njSSfY

Nous souffrons avec lui , dans ce pas à pas , entre humour, espoir et dérision :

Un pas, un pet,

ma carcasse

se remet en marche

La congrégation des soignants

Magnifiquement dessinée sous des robes de bure et des cagoules de pénitents au-dessus de toute atteinte .L’univers hospitalier où deux mondes étanches et totalement hermétiques se côtoient sans jamais communiquer . Le corps est une entité désincarnée . Les plaies sont rectilignes , leurs sutures sont tirées au cordeau . Les abcès ont des parois faites pour accueillir des drains .Lorsqu’une suture entre 2 segments d’intestin ne s’est pas infectée, a tenu , le chirurgien – et derrière lui, toute son équipe – a rempli son contrat .

Que le patient maigrisse inexorablement, fonde à vue d’oeil, ne récupère d’aucune de ses nuits , appréhende chaque fois un peu plus la confrontation avec les WC n’entre pas dans ses prérogatives . Tout ce qui se trouve autour de la cicatrice intestinale, à savoir la défécation, la digestion , le plaisir de manger, le repos paisible sont hors-cadre .

Rémi,

téléphone

maison.

L’opéré est un extra-terrestre : Pozla rend très bien compte de ces 2 univers qui ne se parlent jamais, alors qu’elles S.O.N.T à l’intérieur de la même personne .

Relaxation, psychothérapie, changement d’alimentation

La dernière partie de l’ouvrage entre dans des eaux plus calmes . Sur les recommandations de son oncle et sa tante , Rémi consulte  » un ancien gastro-entérologue , reconverti en psychosomaticien . Ca pourrait coller  » . R. POZLA a à coeur de baliser le chemin d’une vie quotidienne que l’on devine au fur et à mesure possible . Les dernières pages de l’album sont un condensé de liens vers des ressources documentaires et des associations de terrain . GO !

.https://www.afa.asso.fr

/https://www.afa.asso.fr/recherche-crohn-rectocolite/etre-patient-chercheur/