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Bien qu’il s’agisse d’un roman traduit en français en 2022,  » L’oiseau rare  » m’a fait l’effet d’une fable sur la féminité, la maternité et la médecine. Extrêmement bien écrite, les personnages se dessinent avec netteté et embarquent le lecteur sans jamais ralentir. Chaque chapitre esquisse un des brins de la morale finale.

Guadalupe NETTEL, d’origine mexicaine, a vécu entre Barcelone, Paris et Mexico. Considérée comme l’une des autrices latino-américaines les plus lumineuses, elle a déjà reçu plusieurs prix littéraires pour ses oeuvres précédentes. Pour celle-ci, elle dit s’être inspirée de l’histoire d’une amie très proche.

Le Mexique contemporain

Guadalupe Nettel s’est demandée à quoi ressemblait le fait d’être mère dans un pays comme le sien, où 11 femmes par jour décèdent de violences perpétrées par leur conjoint, leur père ou leurs frères .

La maternité se trouve à la croisée de nombreux chemins :

  • celui de la pression sociale
  • celui du manque de droits
  • celui de la violence
  • celui de l’inégalité économique
  • et de nombreuses autres problématiques .

Cause ou conséquence, Laura et Alina, deux amies de toujours se sont jurées de ne jamais devenir mères ….Lorsqu’ Alina tombe enceinte, Laura vacille.

A partir de cet évènement somme toute banal

Plus rien ne suit un chemin habituel.

Inès, la petite fille à venir est atteinte d’une malformation génétique très rare et est promise à la tombe dès sa naissance, selon les plus grands spécialistes obstétriciens hospitaliers.

 » Suivant le conseil de la thanatologue, Alina tenait un journal dans lequel elle racontait à Inès les grandes lignes de son histoire. Son enfance à Veracruz, son école maternelle au village, le déménagement prématuré de sa mère dans un autre État du pays, la maladie de son père, sa vie étudiante à Guanajuato puis en France, sa rencontre avec Aurelio et les efforts qu’ils avaient fournis pour qu’elle tombe enceinte  » . P 101

Sans déflorer la suite, chaque personnage féminin du livre, qui gravite autour d’Alina et de Laura ont des profils déroutants.

L’élevage des petits dans la nature

Dans la nature, la façon la plus naturelle d’élever un petit est de le faire au sein d’un troupeau, qu’il s’agisse des dauphins, des orques, des éléphants, des loups … ou des oiseaux.

 » Les dauphins, par exemple, ont plusieurs marraines qui accompagnent la mère au moment de l’accouchement et qui l’aident à s’occuper de son petit les premières années. C’est le cas aussi chez les oiseaux.  » P 234.

Après l’industrialisation en Europe, la famille est devenue mono-nucléaire et ce mode d’éducation a disparu.

Entre communication et solitude

La narratrice est de plein pied dans le monde urbain actuel. Elle utilise tous les moyens d’information ( Google, réseaux sociaux …) et de communication ( messagerie téléphonique, sms…) pour tisser tout un réseau d’entraide autour d’Alina.

Convaincue que nous avons tous au fond de nous un super-pouvoir qui surgit lorsque nous nous trouvons au coeur d’une détresse profonde ou d’une tragédie, Guadalupe Nettel nous montre qu’il est possible de se construire une vie qui ait du sens et qui nous donne du bonheur quotidiennement.