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De l’Iranien Abbas KIAROSTAMI ,  » Le goût de la cerise  » obtient la palme d’or à Cannes en 1997 . Film simple et intimiste qui aura du mal à séduire le grand public, mais qui une fois qu’on l’a vu, fait qu’on y revient, souvent à l’improviste et toujours avec plaisir .

Avant de le tourner en 1997, A Kiarostami, s’est mis lui-même dans la peau de ce quinquagénaire , au volant d’un imposant 4×4 .Les réponses des hommes qu’il a rencontré forment la trame de l’intrigue et des dialogues qu’il utilisera pour son film. Celui-ci se déroule dans la banlieue de Téhéran, avec la couleur prédominante – entre ocre et or – de la poussière.

De larges virages sur une piste en terre vallonnée

L’angoisse du conducteur est palpable . Cet homme lutte, mais contre quoi ? Les hommes rencontrés qui montent à bord du véhicule, grandissent au fur et à mesure en âge et en expérience de la vie . Les dialogues sont désarmants de simplicité .Chaque homme rencontré est abordé sans fioriture . les réponses sont aussi franches que les questions posées .

Lorsque cet homme de 50 ans gare son véhicule sur le bas-côté , à côté d’une pelleteuse, qui ne cesse , au crépuscule, de jeter de la terre qui s’amoncelle, le doute n’est plus permis : cet homme ne souhaite qu’une chose, retourner à la Terre, être enseveli pour toujours.

Et lorsqu’un ouvrier lui demande de déplacer son véhicule pour ne pas gêner le travail de l’engin, notre héros n’entend rien, absorbé par le bruit des gravats et le  » ruissellement » continu des cailloux au fond du ravin .

80 % des gens, vous comme moi ,

pensent 1 jour ou l’autre à en finir, confiait A. Kiarostami, dans une interview à propos de son film .

Son film est à la fois sur la Nature et sur la Société . Dès la 1° image, notre héros a besoin des autres : s’il refuse tout net de partager le motif de son tourment et de sa souffrance qui ne le lâchent pas une seconde, il laisse un espace suffisant entre lui et chaque personne rencontrée pour qu’il se passe quelque chose .

A. Kiarostami évite l’écueil du moralisme . Tous les mots , les comportements qu’il prête à son personnage, au fur et à mesure que la nuit annonciatrice de son geste approche, sonnent justes .

Ses réflexes, ses craintes, ses vérifications seraient les nôtres .

Le dénouement

J’ai adoré la fin où A. Kiarostami utilise le  » comme si  » du cinéma avant même que nous réalisions quoi que soit . Régalez-vous !