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Comment reconstruire sa vie lorsqu’à 26 ans toute une vie consacrée à la danse classique s’arrête après une blessure de cheville ?

Cedric KLAPISCH, 60 ans, réalisateur de comédies sociales surtout, et qui appartiennent maintenant à notre patrimoine culturel (  » L’Auberge espagnole  » ,  » Un air de famille  » ….) nous offre ce film entièrement dédié à la danse . A la danse côté danseurs .

Cédric Klapisch adore la danse :

  • en 2005, dans  » Poupées Russes  » il crée le personnage de Natacha, danseuse de ballet
  • en 2019, il réalise un documentaire sur l’étoile Aurélie DUPONT, actuelle directrice de la danse à l’Opéra national de Paris
  • en 2020, pendant le confinement, il monte  » Dieu Merci « , basé sur des images tournées par les danseuses et les danseurs de l’Opéra, cloîtrés chez eux .

Mais le film s’adresse à tous ceux dont la vie bascule . J’ai cherché sur internet  » Carrières brisées  » : 9 fois sur 10, j’ai trouvé des trajectoires de footballeurs, et une fois sur l’exil d’Algériens qui ont fui au Canada pendant la décennie noire – 1991-2002 -lorsque le Front Islamique de Salut faisait régner la terreur dans leur pays .

Que devient une vie lorsqu’on l’a construite sur sa passion , ou plus humblement sur des valeurs que nous considérons comme acquises et que , brusquement, elle nous échappe ?

ÉLISE, talentueuse danseuse classique de 26 ans

vient d’apercevoir dans le repli d’une tenture de scène, son amoureux en compagnie d’une autre élue . Dans la représentation qui débute juste après, elle s’affaisse à la fin d’une figure, comme un jeune faon blessé . Très vite, elle apprend que sa vie professionnelle est bouleversée et qu’elle va devoir se réparer.

Marion BARBEAU et un casting parfait

PREMIÈRE danseuse de l’Opéra de Paris et dont c’est la première apparition à l’écran nous convainc de bout en bout par sa fraîcheur .

Murielle ROBIN est délicieuse en mère de substitution ….et propriétaire d’une résidence d’artistes tandis que Denis Podalydès interprète le père d’Elise, avocat et intellectuel engoncé dans sa bulle livresque .

Souheila Yacoub et Pïo Marmai endossent le couple d’amoureux qui ne s’aiment que sur fond d’engueulades .

Le chorégraphe Hofesh SCHECHTER interprète son propre rôle .

Comment gagner sa vie avec une fracture non déplacée de cheville ?

En étant mannequin pour robes de mariée, pardi !!! La scène du shooting photos est désopilante :

  • Un décor tout en boiseries et dorures, très Versailles
  • Un photographe coincé dans son jean-ceinturon-chemise à carreaux d’il y a 30 ans
  • Des mariées prises dans un océan de volants blancs, qui se pâment AU PIED de leurs maris, droits dans leurs bottes, les yeux fixés sur la ligne bleue des Vosges
  • et Souheila Yacoub qui va hurler son refus d’un monde aussi suranné

La fuite hilare de nos 2 jeunes  » mariées  » dans ces couloirs d’un autre monde agit comme la métaphore d’une jeune femme parfaite, au mariage parfait, avec un mari parfait dont le mariage vole en éclats à la découverte d’une adultère du conjoint.

Comme si la danse classique appartenait à la perfection, la pureté et le monde de l’éther … légèrement déconnectée du réel .

1° étape dans la reconstruction : fuir la solitude … et les connaissances d’avant

Changer de cadre, d’amitiés , de cercles qui vous plaquent au sol, dans de vieux schémas qui de toute façon ne pourront jamais être ré-actualisés .

2° obstacle : affronter la peur

  • La peur de se blesser à nouveau
  • La peur de retenter une aventure
  • La peur de se décevoir

Ce qui devient bien plus facile lorsqu’on est entouré.e.

 » Vivre toutes les vies que la vie nous donne  »

Nous avons plusieurs vies . Notre grammaire nous forge une vie une et indivisible :  » Je donnerais ma vie pour toi  » etc …

Alors qu’elles sont si nombreuses , en chronologie, en rôles, en profondeur , en fluidité , comme ce film…