Né un 14 juillet 1928 en Argentine , il s’inscrit en médecine en 1945 et obtient son diplôme à Buenos Aires en 1952. Auparavant , il aura travaillé comme infirmier sur un bateau pétrolier , puis comme praticien dans un centre d’hygiène municipal .
Depuis combien de temps , je garde ce petit livre , presque carré , plein de couleurs , au titre si évocateur » Voyage à motocyclette » ? Côté mémoire , j’ai un très vague souvenir d’un périple en Amérique latine , serti d’une pépite : un Che Guevara PEDIATRE !
X décennies plus tard , je me retrouve plongée dans un récit fougueux où Ernesto et son ami Alberto , médecin spécialiste de la lèpre , se transforment :
routards roublards
Sur la première côte sérieuse , …., la Poderosa ( nom de baptême de leur Norton 500 ) est restée clouée au sol , définitivement . …
C’était notre dernier jour de » vagabonds motorisés » . (p 51 )
.
et potaches :
Nous étions habitués à retenir l’attention avec notre accoutrement original et la silhouette prosaïque de la Poderosa II dont le souffle asthmatique faisait pitié à nos hôtes , mais d’une certaine façon , nous étions les chevaliers de la route .
p 58
Nous appartenions à la vieille aristocratie » errante » , et nous arborions , comme une carte de visite , nos diplômes qui faisaient une énorme impression . Maintenant c’était fini .
P 58

avant de devenir clochards avec nos sacs à dos
Nous n’étions plus que deux clochards avec nos sacs à dos et toute la boue du chemin collée à nos combinaisons , comme un arrière goût de notre condition aristocratique .
P 58
Arrivés au Chili , et plus exactement à Valparaiso , ils cherchent des bateaux pour se rendre sur :
l’île de Pâques
L île de Pâques ! L’imagination suspend son vol et se met à tourner autour d’elle : « là-bas , avoir un fiancé blanc est un honneur pour elles » . » Là-bas le travail est sans espoir , les femmes font tout : on mange , on dort et on les rend heureuses » . Cet endroit merveilleux , où le climat est idéal , les femmes idéales , la nourriture idéale , le travail idéal ( dans sa béatifique inexistence ) . Qu’importe d’y rester un an , qu’importent les études , les salaires , la famille , etc … Dans une vitrine , une énorme langouste nous fait un clin d’oeil et des quatre feuilles de laitue qui lui servent de lit , elle nous dit de tout son corps » je viens de l’île de Pâques ; là où le climat est idéal , les femmes idéales …..
P 60
Guevara et son ami Granado traversent donc en six mois l’Argentine, le Chili, le Pérou, la Colombie et le Vénézuela . La lèpre occupe 4 pages d’un livre qui en compte 200 .
l’hôpital de Guià à Lima
( A l’hôpital de Guià à Lima ) la chose qui nous a le plus impressionnés , malgré sa simplicité , fut la scène d’adieux avec les malades . A eux tous , ils ont réunis 100, 5 sols qu’ils nous ont remis avec un petit mot grandiloquent . Ensuite , plusieurs d’entre eux sont venus prendre congé de nous individuellement ; plus d’un a versé des larmes en nous remerciant du peu de vie que nous leur avions donnée en leur serrant la main , en acceptant leurs petits cadeaux ou en nous asseyant parmi eux pour suivre un match de football . S’il y a quelque chose qui puisse nous inciter à nous consacrer sérieusement un jour à la lèpre , c’est bien cette affection que nous témoignent partout les malades .
P 156
et la médecine , toutes disciplines confondues , à peine plus .
Je suis allé voir une vieille dame asthmatique , cliente de la Joconde ( nom de l’auberge où ils sont logent à Valparaiso ). La pauvre faisait pitié. On respirait dans sa chambre cette odeur âcre , de sueur concentrée et de pieds sales , mêlée à la poussière des fauteuils , seul luxe de la maison . En plus de son asthme , elle soufrait d’une sérieuse décompensation cardiaque . C’est dans ce genre de cas qu’un médecin, conscient de son infériorité absolue face au milieu , souhaite un changement , quelque chose qui supprime l’injustice . Car il était évident, que la pauvre vieille avait dû travailler jusqu’à la fin du mois précédent pour gagner sa vie , suant sang et eau mais gardant la tête haute face à l’existence .
P 61
Pourquoi ce livre a -t-il continué de me suivre malgré mes déménagements et aussi ré-aménagements de bibliothèques ? Pour cette confirmation d’une vocation ? Le médecin à l’origine de mes études me voyait » pédiatre à Hong-Kong ; tu verras , les Chinois seront fous de tes yeux verts » !!! Voilà pour la lèpre transformée en pédiatrie !
la trajectoire du Che
Ou bien parce qu’il contenait un trésor d’édition , que je ne découvre que maintenant ? Ramon CHAO , écrivain et journaliste espagnol – père du musicien Manu CHAO – analyse en une petite quinzaine de pages la trajectoire du CHE .
Ernesto GUEVARA a-t-il été un révolutionnaire, un héros romantique , un aventurier ? A quel moment s’est opérée la mutation du jeune révolté issu de la pseudo-aristocratie argentine ? Ce carnet de voyage permet d’imaginer quelques réponses à ces questions . Avant de s’y plonger , le lecteur devra se débarrasser de la puérile dévotion pour le héros , ainsi que d’une condamnation sans appel : attitudes qui servent toutes deux à remplir le vide mental, à satisfaire la paresse critique .
P 201



Aucun commentaire ne m'aurait fait plus plaisir, connaissant un petit peu ton parcours de danseuse et de tant d'autres vies…
Je suis bien d'accord... nous avons plusieurs vies et ce film est d'une telle intelligence !
Super résumé qui donne envie de lire … Le temps si important me manque pour assouvir ma faim de lecture…