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En mars 2022, dans le cadre d’une semaine dédiée au Dessin de Presse à Lyon, Patrick PELLOUX devait participer à une table ronde  » Hôpital public versus hôpital privé  » . Suite à un problème de garde, il n’a pu rester qu’une vingtaine de minutes. Comme beaucoup, je le connaissais de nom mais j’ignorais tout de ses traits, de son timbre de voix et de la précision de ses positionnements professionnels. Pour la première fois, j’entendais quelqu’un qui s’exprimait en totale congruence avec la personne qu’il était.

Nous sortions de la pandémie de la Covid. SANS aucune agressivité, j’entendais un professionnel du soin énoncer ce qui ne devrait pas exister dans l’exercice de la médecine dans le cadre de la santé publique. Lorsque je l’ai entendu décrire le veto qu’avaient posé des professeurs de médecine des lobbys de matériel médical sur des compresseurs fabriqués dans l’urgence par des ingénieurs, pour faire face à la pénurie de respirateurs dans les services de réanimation médicale, j’ai vu instantanément défiler dans ma tête, tous les confrères que j’avais croisés dans ma vie et qui auraient pu répondre à ce type de profil.

 » On ne vit qu’une fois  » est le recueil de chroniques hebdomadaires parues entre 2006 et 2014 dans le journal  » Charlie Hebdo » juste avant l’attentat de janvier 2015, au siège du journal, où les frères Kouachi ont assassiné 12 personnes.

Des instantanés de vie

Patrick PELLOUX nous livre des instantanés de vie qu’il prolonge chaque fois qu’il le peut, par le devenir des personnes pour lesquelles le SAMU est intervenu. Ce soin porté à l’évolution des personnes secourues entre pour beaucoup dans l’humanisme qui se dégage de la lecture de ces récits.

A moins qu’il ne les commente d’une analyse de notre système de soins ou de notre société.

 » Entrez, entrez ! … Et soyez les bienvenus « 

Voici les premiers mots avec lesquels son auteur nous convie à entrer dans son livre.

 » L’introduction d’un livre est l’entrée de l’imaginaire de l’auteur. Terminant cet ouvrage, il m’a fallu fermer la maison de mon enfance, cette maison qui fut le début de ma vie. Le lieu où toutes mes passions ont été semées.  » P 11.

Patrick PELLOUX ne se coupe pas de ses émotions

Elles ne l’empêchent cependant ni d’agir ni de réfléchir. Le livre ne lésine pas en informations précieuses sur notre système de soins. Ainsi, 90 % du matériel médical utilisé dans un service d’urgences est produit à l’étranger. Nous verrons dans les années qui ont suivi, les conséquences de cette dépendance technique et pharmacologique auxquelles chacun d’entre nous s’est maintenant retrouvé confronté.

Comment ne pas tomber en amour avec Augustine ?

 » Je suis seule, que voulez-vous… « 

Toute sa famille est morte et ça fait des années qu’elle tient seule chez elle, en n’attendant rien d’autre qu’une mort rapide et digne car elle  » ne veut pas aller en maison de retraite  » .

… Elle m’explique ses parents et la vie qu’ils avaient à la ferme du côté de Moulins.

C’était… C’était… Hier ?

Quelle importance, hier ou aujourd’hui, elle ne sait plus et à 87 ans, chaque jour est une quête d’un plaisir simple. Et pour elle, c’est parler à quelqu’un. Elle a bien compris le numéro du Samu. Certains vous diront que ce n’est pas le rôle de répondre aux vieilles abandonnées. Il me semble que si. L’action humanitaire, ce n’est pas que dans les pays lointains qu’il faut la faire, surtout lorsqu’on travaille dans un service public. La France est devenue un pays en voie de pauvreté, qui découvre les nouvelles misères que l’oeuvre civilisatrice a engendrées. P 151.

Le SAMU n’est pas seulement une équipe de preux chevaliers

Prêts à intervenir dans la seconde, et dotés de pouvoirs aussi extraordinaires qu’exceptionnels. Il évolue dans une société qui change en profondeur. L’urgentiste nous donne beaucoup de pistes de réflexion sur la nature de cette évolution.

Oui, nous ne vivons qu’une fois. Alors vivons heureux ET informés :

 » Le plus grand courage est de rester optimiste, et la plus grande résistance, de sourire et aider les autres tout en fuyant les crotales….Le bonheur est toujours à conquérir avec une discipline de travailleur de précision et il n’est pas facile à garder car son prénom est Liberté  » P 18.