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Ce matin, j’éprouve le besoin irrépressible de sortir de l’actualité des fêtes et de la pandémie . Bing , grâce au merveilleux blog du making of de l’AFP, Haïti, poser les bonnes questions , je plonge dans un reportage photos vertigineux sur le quotidien de cette île .

Annecy , 1976

Grâce à un ami haïtien, chercheur au CNRS, je me retrouve au sein d’un tout petit groupe , venu protester contre Jean- Claude DUVALIER, descendu en vacances, dans un hôtel-manoir luxueux . Est-ce à cette occasion que j’entendrais parler des Tontons Macoutes ?

En tout cas , leurs exactions évoquent avec 30 ans d’avance les meurtres des narcotrafiquants en Amérique Latine .

Tonton Macoutes Archives – Caribbean news – Caribbeannationalweekly.com

Duvalier père, Duvalier fils ( 1957- 1986 )

J-C Duvalier hérite en 1971 du pouvoir de son père à l’âge de 19 ans . Il sera renversé en 1986 par une révolte populaire soutenue par la communauté internationale et s’exilera alors en France pendant 25 ans . En 2011, il effectue un retour surprise en Haïti . En 2014, la justice haïtienne instruit un procès pour ses crimes contre l’humanité mais celui-ci décède d’une crise cardiaque à Port-au Prince avant la condamnation .

Séisme du 12 janvier 2010 : 200 000 victimes

Je trouve l’article le plus éclairant sur TV 5 monde : info Séisme de 2010 en Haïti Chroniques haïtiennes Haïti : dans le chaos du séisme en janvier 2010 . Le hasard avait conduit 2 journalistes de la chaîne à réaliser une série de 10 épisodes mensuels sur le développement, dans une petite ville de l’intérieur des terres, lorsque le tremblement de terre s’est produit.

Le séisme est évalué à la puissance d’une bombe nucléaire de 5 mégatonnes . La tour de contrôle de l’aéroport est détruite . Si les équipes de journalistes arrivent le surlendemain de la catastrophe, les secours de 1° urgence se posent au bout de 4 jours . La quasi totalité des secours réussis le seront par les Haïtiens eux-même, dans l’immédiat de la catastrophe, malgré la faiblesse de leurs moyens .

12 janvier 2010 . Haïti frappée par un séisme . Herodote.net

Beethova Obas :  » Si  » https://youtu.be/0dgfU9eyssM

Je garde précieusement dans mes tiroirs son CD  » Si  » dont la mélodie m’a si souvent bercé les soirs de  » grand froid  » . Je surfe rapidement sur la toile , convaincue que sa carrière s’était arrêtée depuis . Raté . Et quel parcours !!!!! Prix découvertes Beethova Obas .Elu meilleur jeune chanteur par Manu DIBANGO lors d’un concours découverte RFI, il continue de produire une musique entre blues, jazz créole et danse aux senteurs brésiliennes .

Il réalise son dernier album  » Bon Bagay  » en réaction aux propos insultants de Donald TRUMP qui traite Haïti et les nations Africaines de  » pays de merde  » . Il répond en chanson  » Nous, Haïtiens, sommes des gens bien  » et illustre dans une interview ce qu’il veut absolument faire passer :

« Ce n’est pas seulement une réponse à cette insulte, précise le chanteur. Bon Bagay s’adresse aussi à tous ceux dont les parents furent asservis pour qu’ils prennent conscience qu’ils sont bons, pour qu’ils cessent d’exister à travers l’autre. L’idée c’est de reprendre confiance en soi, de se positionner comme une valeur sûre sur l’échiquier du développement du monde ».

Marianne . 07/ 04 / 2021

Emmelie PROPHETE :  » Les villages de Dieu  »

 » Les villages de Dieu  » c’est le nom de quartiers terribles où règnent la misère, la frustration, une haine endémique, l’absence totale d’espoir, un présent de l’indicatif si fragile qu’il est remis en question chaque matin. Les gens qui y vivent espèrent aller en enfer, car ça ne peut être qu’une promotion.

Dany LAFERRIERE . Académicien . Libération 7 /07 / 2021 .

 » Les villages de Dieu  » , c’est Célia, au coeur de la Cité de la Puissance Divine .

« ( c’ était ) d’abord du bruit . Des bruits qui couvraient d’autres bruits . Des projectiles tirés en plein jour pour effrayer un commerçant qui ne voulait pas s’acquitter de la redevance envers le gang du moment qui rançonnait, des postes de radio dont le volume était mis à fond, chacun émettant un volume différent, des voisins qui s’insultaient, des cris d’enfants qu’on tapait; des gosses qui étaient entrain de courir, jouer, maigres, handicapés , parce qu’ils avaient eu des accidents divers, que leurs parents pendant leur gestation avaient bu trop d’alcool, fumé des substances interdites, qui subissaient la cruauté de leurs camarades ; des mioches trop nombreux qui témoignaient du taux élevé de la natalité, nés d’amours éphémères, de viols ou des oeuvres de Dieu lui-même . »

– P 44 . Ed Mémoire d’encrier .

Célia vit avec sa grand-mère,marchande ambulante de porc et bananes plantain, qu’elle cuisine dans leur minuscule bicoque. Fréquente l’école sans entrain . S’inscrit sur Facebook .

 » Ma ne pouvait pas m’acheter un téléphone intelligent , je lui en voulais pour cela, enfin un peu, c’est qu’elle ne comprenait pas que j’avais besoin de communiquer, de voir le monde « . P 41 .

L’autrice met en scène sans affèterie un Port-au-Prince des bidonvilles de l’après séisme .L’électricité manque et les habitants ont toujours utilisé les branchements illégaux . Livio est porteur d’eau pour tous . Pas d’eau courante .Encore moins d’égouts ou de cabinets .

Fond des Nations-Unies pour la population

 » Avant je connaissais quasiment tout le monde je te dis !  » répétait Grand Ma, en regardant autour d’elle , incrédule, secouant la tête. La Cité a trop changé . Moi, je connaissais beaucoup de monde maintenant . Ceux qui étaient à l’école avec moi, leurs amis, les amis de leurs amis, leurs parents, leurs morts, et ceux de Facebook « . P 45

……….

 » Je ne pensais pas la moitié de ce que je postais. Le succès m’était tombé sur la tête . Je postais principalement des photos de plats que j’achetais chez Morel, de mes pieds, des rigoles de la Cité, de cadavres que je croisais sur ma route .

Les cadavres avaient beaucoup de succès . Plus que les vivants . Il fallait du glauque, du violent . La faim, le choléra, les épidémies de rougeole ou de malaria, tout le monde s’en foutait . Rien de mieux pour attirer l’attention qu’un bon cadavre, tout chaud ou tout pourri . Ce n’est pas l’odeur qui comptait « . P 76

La Toile …. et la toile d’une misère infernale

Tout l’enjeu du roman est de démontrer que derrière l’utilisation d’un réseau social planétaire, les quotidiens des personnes qui les utilisent se situent à des années-lumière les uns des autres . Si les fonctionnalités sont identiques ( likes, quantité et qualité des photos mises en ligne, le ton des commentaires, la possibilité ou non de devenir influenceur ) Facebook n’est pas un indicateur de richesse , matérielle ou relationnelle .

Quels points communs entre Célia :

 » Pour vivre dans la Cité, il fallait croire très fort au présent et l’inventer à chaque seconde  » P 45.

Et moi :

qui ai construit ce billet en m’aidant :

  • du souvenir d’un ami Haïtien ( Annecy 1976 )
  • des recommandations d’un bloggeur professionnel australien ( problogger.com )
  • d’un portail multimédia francophone financé par la France, la Suisse, le Canada, la Fed Wallonie-Bruxelles ( TV 5 Monde )
  • de plusieurs sites journalistiques ( Libération ) et blogs personnels
  • d’un CD bien rangé au chaud dans mon salon ( Beethova OBAS )

= 33 279 abonnés , …..

En attendant visualisez le dernier clip de Beethova OBAS https://youtu.be/TpfVbj6RsNM ou bien découvrez qui se cache derrière Célia https://youtu.be/tkxla6W8rLE .