La dernière étape – visuel – ©
Tourné tout de suite après la guerre , en 1947 , »LA DERNIERE ETAPE « est le premier film sur le camp d’extermination d’Auschwitz . La réalisatrice , Wanda JAKUBOWSKA,y a été internée et nous le fait savoir dès le générique :
“ Tout ce que je voyais m’a permis de tenir , pour en rendre compte “ .
A l’intérieur d’un des baraquements , une poignée de femmes tente de s’organiser,dont une très solide et très émouvante médecin soviétique,Evguénia .
“ Le film a été fait là où cela est arrivé,par et avec les gens à qui cela est arrivé “
Le tournage s’est déroulé à Auschwitz même : W. Jakubowska fait retourner le sol pour recréer la boue des camps .
Même si les acteurs principaux sont professionnels,leur physique de bien portants ne nous échappe pas . Il n’empêche : la puissance du film ne se dément jamais .
Les figurants ( 500 ) sont des habitants des villes et villages alentour ou bien d’anciens déportés de nationalités différentes : “ Beaucoup des participants à cette production revécurent leur traumatisme passé,ce qui ajoute une exceptionnelle dimension d’authenticité “ . I Avisar ( New York Times 29 fev 49 ) .
Un camp d’extermination vu presque exclusivement du côté féminin
“ J’étais le seul cinéaste à avoir été déportée . …Dans le camp,les femmes venaient me parler et je gardais toutes les histoires dans ma tête,car je ne pouvais pas écrire quoi que ce soit . Puis je suis allée à la rencontre d’autres détenues et j’ai parlé avec elles de leurs expériences “
Le scénario
La première scène , très brève se déroule à Varsovie : un couple est arrêté en plein jour et en pleine rue . La deuxième scène a déjà pour cadre Birkenau et ce jusqu’à la fin .
Au travers d’images qui sont tellement fortes qu’elles ont été reprises ensuite par les cinéastes les plus célèbres,ce film nous montre :
- l’arrivée des trains
- l’appel
- l’infirmerie ( le Revier )
- l’orchestre du camp
- les sélections des femmes et leur départ en camions pour les chambres à gaz
Entre documentaire et fiction,il y a l’épaisseur de la réalité irreprésentable du camp
“ La réalité du camp,c’était des squelettes humains,des piles de cadavres,des poux,des rats et toutes sortes de maladies repoussantes . Sur l’écran,une telle réalité aurait sans doute causé effroi et répulsion . Il était nécessaire d’éliminer ces éléments,qui quoique authentique et typiques,étaient insupportables pour le spectateur d’après-guerre “ W Jakubowska .
Tous détails qui affleurent cependant au travers du personnage d’ Evguénia .
L’image peut raconter là où les mots ne suffisent plus, et je trouve le témoignage de cette réalisatrice vraiment poignant…
Cela nous rappelle aussi combien l’humain est capable de résilience…
Survivre à l’horreur en trouvant une raison de vivre, sa mission de vie : rendre témoignage et permettre aussi d’honorer la mémoire de ceux et celles qui n’ont pas survécu…
Le cinéma est un moteur de transformation et de transmission si puissant! Merci de nous le rappeler 😉