Aphasie : la lecture d’un récit reste possible grâce aux livres sans texte

Dans mon club de lecture,ce mardi, l’animatrice est venue avec une BD muette ! Quoi ? Vous avez bien lu :

•  une BD sans texte,
•  qu’elle a offert à un ami qui ne peut plus lire, suite à un grave accident.

Je me suis fait toute petite dans mon fauteuil: j’ai fait 2 stages de neurologie, par passion, pendant mes études et la possibilité neurologique de  suivre un récit, même si la personne est aphasique ne m’a jamais traversé l’esprit. 

Comme si j’avais assimilé aphasie avec  analphabétisme, illettrisme et acculturation .  Une sorte de coupure de courant totale et irréversible .

Minuscule excuse : j’étais le plus souvent à l’accueil des personnes victimes d’un AVC en phase aiguë .

Or les premiers jours d’un AVC

sont gravissimes . Il faut surveiller les fonctions vitales: 

•  cardiaque
•  pulmonaire
• de déglutition 

 et assurer  leur stabilisation.

 Dans le même temps, rechercher la cause de l’AVC :- qui reste la 1° cause d’aphasie –

•  pour empêcher son aggravation et / ou sa récidive . 

Les possibilités de communication de la personne seront examinées bien plus tard. 
Pourtant lorsque je lis dans la presse   les avancées phénoménales des neurosciences et de la neuro-psychologie, je me pose la question de leurs répercussions réelles dans la prise en charge des personnes dans les premières heures de l’AVC .

Dans l’exposé très clair d’une orthophoniste

daté de 2009, je retrouve l’essentiel .

Le langage est ce qui va de la pensée au discours , grâce :

• aux mots

• aux phrases

• à la construction du  récit

Le langage peut être écrit ou oral :

Une personne peut tout à fait être aphasique et lire des ouvrages incroyables .

Le langage permet de s’exprimer ET de comprendre

Lorsque le langage dysfonctionne, il y a aphasie .

L’AVC entraîne une aphasie brutale,

La maladie d’Alzheimer une aphasie progressive . 

Les autres causes d’aphasie sont  beaucoup plus rares ( tumeurs, traumatismes crâniens, ruptures d’anévrismes ) . 

 “ Nos vacances “ 

Le récit est un visuel pur . Les actions se retrouvent sur les espaces des pages simples ou doubles . La conséquence de l’action est reportée sur la page suivante, ce qui rend le livre dynamique et narratif .

J’aime beaucoup l’ambiance vintage du livre qui colle parfaitement à l’évocation du jardin, des champs, du lac et du soleil qui se fait moins fort avec la fin des vacances . Les vignettes, sans cadres, glissent sans effort entre la maison, l’aïeul ….et un Balourd incroyablement facétieux .Je me suis vraiment plue à imaginer un grand-père ou une grand-mère aphasiques  renouer ensemble les fils d’un récit en feuilletant  lentement le livre en compagnie de leur petit-fils ou de leur petite fille.

Une bibliothécaire m’a confié avoir offert un autre livre sans texte à son père porteur d’une maladie de Charcot ( Sclérose Latérale Amyotrophique: SLA ) et qui a énormément aimé sortir de la prison de sa maladie, le temps de la lecture .

Si vous avez d’autres idées de personnes qui seraient heureuses de retrouver de la communication-plaisir grâce à des livres sans texte, faites-nous part de vos idées !